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À propos de Christine Nehammer-Markus

 
Lippen
 
 
"Art does not represent the visible but makes visible."
Paul Klee

 

«Des toiles, ça ne se jette pas !»
Christine Nehammer-Markus 2013

Le paradis des lèvres
Il ne voyait que des lèvres rondes qui avaient la forme de coquillages. Il se demandait si c’étaient de vraies lèvres ou bien des lèvres peintes auxquelles on avait donné la forme de coquillages. Il aimait les coquillages par-dessus tout et pour lui, c’était important de savoir si ces coquillages en forme de lèvres existaient dans la nature. Il ne s’était pas posé la juste question. C’étaient des lèvres, et elles avaient été ainsi réalisées : on avait coloré des lèvres, c’est vrai, mais quelqu’un avait donné à ces lèvres qui existaient en nature leur forme merveilleuse.
Caroline Vopava

 

Quatre personnes se sont maquillé les lèvres avec beaucoup de rouge à lèvres et les ont posées sur un papier placé devant elles, sur la table. Deux d’entre elles ont utilisé un bon rouge à lèvres, laissant beaucoup de couleur sur le papier. L’une pense qu’on peut y percevoir l’amour, l’autre, au contraire, signifie qu’il ne s’agit là ni de sensualité, ni d’érotisme, mais tout simplement d’esthétique. La troisième et la quatrième personne sont d’avis qu’il s’agit bien d’esthétique. Des lèvres minces, des lèvres charnues, des lèvres clairement dessinées sont un reflet de la beauté de la vie, de la nature, et surtout elles parlent peut-être de l’amour et des choses les plus importantes de la vie. Évidemment, les reproductions des lèvres forcent le contemplateur à la réflexion mais celui-ci l’accepte volontiers.
Caroline Vopava

 

L’idéal de la vie y est lié.
Embrassez-moi, dit-elle à un étranger, mais embrassez-moi sur la bouche. L’homme hésita, il ne connaissait pas très bien cette femme. Cependant, après avoir observé son visage et sa bouche un long moment, il savait qu’il devait l’embrasser, sentir ses lèvres sur les siennes, en sentir le toucher et le parfum. Elle se tenait sur le pont d’un bateau, la main sur la balustrade. Sa robe bleue aux fleurs blanches flottait au vent. Soudain, un fort coup de vent souleva tant sa robe qu’il pouvait voir son corps nu, mais personne n’était là et il n’y eut point de regards surpris ou méprisants. L’homme continuait de l’embrasser. Elle interrompit le baiser et scruta la mer sur sa droite. J’ai pu voir alors ses belles lèvres rose-orange-rouge.
Caroline Vopava

 

Si l’on parle à Christine Nehammer-Markus de ses peintures, elle qualifie la répétition fréquente des motifs sur ses toiles d’une métaphore du quotidien. Les répétitions souvent similaires ne sont pas identiques. « les jours se suivent et ne se ressemblent pas » Par cette affirmation, Christine Nehammer-Markus justifie elle-même les séries dans ses travaux comme des symboles. Le thème principal de son travail est la représentation de la femme. À l’aide d’un pochoir des années cinquante, elle représente une série de silhouettes, les peint et les retouche un peu à plusieurs reprises. Dans cette représentation, il ne s’agit pas d’allégories mais de symboles de sa féminité et de la féminité en général : les symboles des sentiments, des besoins et des espoirs qui ne peuvent pas s’exprimer par des mots.
Andreas Lebschik, 1998

 

«Vraiment désolée !» dit-elle la bouche pincée et tremblante, « vous avez tant attendu pour rien ! »
Dashiell Hammet Rot, bien sûr que les empreintes des lèvres sont rouges ! Des traces fugitives en expriment les contours, des traits modèlent les bouches, des traits qui non seulement soulignent les bords des lèvres mais leur donnent du relief, cependant ne les corrigent pas. L’incertitude vis-à-vis de l’autre provoque le malaise : même si bien des finesses de ces peintures m’échappent, je doute, non d’une chose ou d’une autre, mais de leur résonnance en moi.
Markus Mittringer

La réutilisation de toiles de lin est très bien documentée dans l’histoire de l’art. Le plus souvent, les anciennes peintures étaient effacées et de nouvelles peintures étaient peintes sur leurs apprêts. Ce n’est pas le cas des peintures de Christine Nehammer-Markus peintes en 2013. Il s’agit ici de peintures ou de toiles de lin qui ont été lavées et poncées avant d’être repeintes directement sans apprêt. C’est ce qu’on appelle par définition un Palimpseste.
Un palimpseste est un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions par ponçage ou lavage pour y écrire de nouveau.
Le palimpseste le plus célèbre est « La méthode » d’Archimède permettant de comparer les volumes de la sphère, du cône et du cylindre et sur lequel on avait réécrit un texte de liturgie chrétienne. En 1924, Sigmund Freud a développé un modèle de cerveau humain en utilisant la technique du palimpseste, mais les traces de toutes les impressions antérieures ne sont pas visibles. Depuis le XIXième siècle, la technique du palimpseste est utilisée comme métaphore pour décrire le développement de l’intellect de la créativité.
Mais revenons aux palimpsestes de Christine Nehammer-Markus. Ils représentent plus de vingt ans de travaux antérieurs sur lesquels de nouvelles peintures ou palimpsestes ont été peints, et  qui influencent de bien des façons la création de ses  nouveaux travaux puisqu’ on peut encore souvent les distinguer sur ses toiles de fond. De telles toiles de fond permettent simultanément de discerner le cheminement artistique de Christine Nehammer-Markus grâce aux éléments du passé utilisés comme  véritables  passerelles vers ses nouvelles créations et de dévoiler l’évolution de l’artiste jusqu’ à l’aboutissement de son expression artistique actuelle.
Les palimpsestes de Christine Nehammer-Markus ne présentent  pas seulement  les traces perceptibles de ses anciens travaux mais révèlent aussi  les approfondissements tangibles de son cheminement  artistique.
Carmen CH Petrosian-Husa